Schistocephalus solidus



CYCLE DE VIE DANS LA NATURE


Le ver plat Schistocephalus solidus (Müller, 1776) est un cestode pseudophyllidea transmis trophicalement via un cycle de vie complexe comportant trois hôtes. Schistocephalus solidus peu infecter différentes espèces de copépodes cyclopoïdes (comme premier hôte intermédiaire) et des oiseaux (comme hôte définitif), mais il est extrêmement spécifique à son deuxième hôte intermédiaire, l’épinoche à trois épines (Gasterosteus aculeatus). On le trouve typiquement dans les populations d’épinoches lacustres.

(crédits illustrations : Noémie Erin)

Le cycle de vie commence quand un oiseau (hôte 3: hôte définitif) infecté avec des vers matures disperse des œufs de S. solidus dans ses déjections. Après deux à trois semaines dans l’eau douce, les œufs éclosent et relâchent la larve nageuse, coracidium, qui doit être ingérée par un copépode cyclopoïde (hôte 1: premier hôte intermédiaire) dans les quelques heures qui suivent pour continuer le cycle. Une fois établi dans l’haemocoel du copépode, S. solidus se développe en stade larvaire procercoïde et devient infectieux pour l’hôte suivant en quelques jours. Lorsqu’une épinoche à trois épines (Gasterosteus aculeatus; hôte 2: deuxième hôte intermédiaire) se nourrit d’un copépode infecté, le procercoïde franchit la paroi intestinale pour s’établir dans la cavité générale du poisson. Au court de ce processus, le procercoïde perd son tégument et se transforme en stade plérocercoïde, qui grandira pendant plusieurs semaines dans son hôte intermédiaire avant de devenir infectieux pour l’hôte définitif. Un oiseau mangeant une épinoche infectée complètera le cycle, permettant au ver hermaphrodite simultané de se reproduire sexuellement (soit par autofécondation, soit par fertilisation croisée) dans le tube digestif de l’oiseau.




CYCLE DE VIE DANS LE LABORATOIRE


Tout le cycle de vie de Schistocephalus solidus peut être reproduit en laboratoire§.

1) Collecte

Des épinoches à trois épines infectées sont prélevées dans la nature et ramenées au laboratoire. Les poissons sont tués, par overdose d’anesthésique ou en sectionnant la moelle épinière, pour disséquer les plérocercoïdes S. solidus de la cavité générale. Les plérocercoïdes sont alors placés dans du médium.

(crédits photos : Noémie Erin, Joshka Kaufmann)


2) Reproduction *in vitro*

Les plérocercoïdes sont associés par paire et enfermés dans un sac en maille. Le sac en maille est attaché au bouchon d’une bouteille de médium, qui est placée dans un bain-marie dans le noir à +40°C. Ceci reproduit les conditions du tube digestif d’un oiseau et les plérocercoïdes arrivent à maturité, se reproduisent et produisent des œufs qui tombent au fond de la bouteille de médium. Chaque jour pendant une semaine, les œufs sont récoltés, lavés et conservés dans de l’eau à +4°C.

(crédits photos : Noémie Erin)


3) Infection des Copépodes

Les œufs sont incubés pendant trois semaines dans le noir à +20°C. L’éclosion des coracidia est ensuite déclenchée par un changement de régime lumineux. Les Coracidia peuvent ainsi être données à manger à des copépodes cyclopoïdes élevés en laboratoire. À partir de quatre jours après l’exposition au parasite, les copépodes peuvent être examinés sous microscope pour vérifier la présence d’un procercoïde en développement et confirmer l’infection.

(crédits photos : Noémie Erin, Joshka Kaufmann, copépode infecté reproduit avec la permission de Michael Schwarz)


4) Infection des poissons

Au bout de deux semaines dans le copépode, les procercoïdes sont infectieux pour les épinoches à trois épines. Les copépodes peut être donnés à manger à des poissons élevés en laboratoire, complétant ainsi le cycle !

§ Smyth 1946 Journal of Experimental Biology
§ Wedekind 1997 Parasitology